Mardi - 19 Mars 2024

Richard Montaignac / L’optimiste désabusé


Il se définit comme un rugbyman d’opérette, un joueur d’échecs contraint, un journaliste de hasard, un écrivain sentimental, mais un père comblé. De trop sévères clichés sans doute quand on se penche sur le quotient d’exaltation qu’il trimbale tout autour de lui, ainsi que de la qualité de ses coups de cœur et de ses amitiés…

 

15. Avec mes deux filles chéries, Géraldine et Katya.Deux filles, Géraldine et Katya, qu’il adore, quatre romans, une pièce, une Nouvelle (Les géomètres de hasard, Le bateau rouge, Veiqui l’Occitania nova, Le Léo noir, Gassman de Montpellier, Le balai rose) qu’il assume, six journaux (Sports Languedoc, La Voix du Nord, La Dépêche du Midi, Nord-Eclair, Midi Libre, L’Équipe) qu’il revendique, et une nouvelle aventure professionnelle d’enseignant qu’il célèbre au mieux. Richard Montaignac fait partie de ces personnages dits rebelles et sauvages, alors qu’il n’est qu’un enthousiaste refoulé. Mieux même : un optimiste désabusé. Un de ceux qui tout à la fois voient toujours la bouteille à moitié pleine et fuient la foule et ses impératifs… en attendant d’être apprivoisé à son tour afin de pouvoir libérer son tempérament de passionné qu’il juge désormais un peu trop cabossé…

 

 

Bonjour Richard, où es-tu né ?

montpellier, 3D rendering, a red hanging signÀ Montpellier, à une époque où cette ville ressemblait à un gros village dit bourgeois, alors que, selon ce que l’on prétendait, ses deux voisines étaient plutôt ouvrière (Nîmes) et plutôt paysanne (Béziers) ! Qu’avait-il de vrai finalement dans ces idées reçues ?
Toujours est-il que les rencontres de foot entre Nîmes et Montpellier, et de rugby entre Béziers et Montpellier, tournaient souvent à la foire d’empoigne sur le terrain et en dehors…

 

Puisque tu évoques le foot et le rugby, de quel côté t’es-tu penché ?

Du côté du rugby.

 

Pourquoi le rugby ?

logo stade lunaret montpellierLe hasard sans doute… encore qu’on l’évoque toujours dès que l’on se trouve dans l’impossibilité d’expliquer le pourquoi de quelque chose… Après réflexion, j’imagine avoir opté pour le rugby pour deux raisons essentielles. Tout d’abord, parce que, dans mon école (Saint Jean-Baptiste de La Salle, quai du Verdanson, à Montpellier), tout le monde jouait au foot… au Stade Lunaret. Et, déjà à ce moment-là, je n’aimais sans doute pas « suivre la même route qu’eux », d’autant plus que je n’étais pas heureux dans cette école aux principes trop sévères où j’étais considéré comme un réfractaire indocile, alors que je n’étais qu’un solitaire démuni. Ensuite, parce que mon meilleur ami, mon vrai frère de cœur, Richard Orbay, était très rugby. Alors, je l’ai suivi tout naturellement… et cela jusqu’à mon départ de Montpellier. Mais, d’une certaine manière, je me suis senti un peu marginal dans ce milieu, comme du reste ailleurs durant presque toute ma vie. C’est peut-être ça ma problématique.

Old Classic Retro Rugby Ball

J’ai aimé le football avec Marc Bourrier, mon prof de gym à l’école que je revois régulièrement, le fleuret avec Thérèse Trachez qui a eu le privilège de doubler quelque fois Brigitte Fossey sur la pellicule, l’athlétisme avec Jacques Piasenta, le Robinson Crusoé de la discipline, les épreuves combinées avec Michel Lerouge, un vrai original, le décathlon avec Christian Plaziat, un sacré champion, la gymnastique artistique avec Svetlana Boguinskaïa qui fut pendant de longues années ma muse, le XV avec Jo Maso que j’ai vainement tenté d’imiter sous les préaux et sur les terrains pelés, le XIII avec Jean Cabrol, un éducateur vraiment formidable, le cyclisme avec Jean-Marie Leblanc qui m’en a sobrement expliqué les subtilités, le hand avec Jean Nita, un sélectionneur national génial et enflammé, la psychologie cognitive et la sophrologie avec Luis-Michel Fernandez, Luc Guibbert, Roland Carrasco, la danse avec ma fille Katya, aujourd’hui chorégraphe à Montréal…

 

28. Le Stade Lunaret version 2013. Richard est le 5ème en partant de la gauche dans la rangée du milieu.

Le Stade Lunaret version 2013. Richard est le 5ème en partant de la gauche dans la rangée du milieu.

 

Comment le rugby est-il apparu pour la première fois dans ta vie ?

D’une manière naturelle. Je me suis inscrit au Stade Montpelliérain où j’ai évolué benoîtement dans les catégories des jeunes. Je me souviens qu’à ce moment-là, il y avait un joueur, plus grand et plus fort bien sûr, qui me fascinait : un dénommé Marty, un brun costaud qui donnait, en dehors de sa scolarité, un coup de main à son père dans son beau garage du centre-ville, boulevard Victor Hugo.

 

Quel est ton meilleur souvenir en tant que jeune rugbyman ?

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Richard et Daniel Robin, double médaillé argent  de Lutte aux Jeux de Mexico 1968, puis talonneur du FC Grenoble

Oh, un merveilleux souvenir qui me fait encore frissonner quand j’y pense ! Je suis sélectionné pour faire partie des ramasseurs de balles lors d’un match de prestige disputé au stade de Sauclières à Béziers, entre l’équipe roumaine de Grivita Rosi qui compose pratiquement à elle seule l’équipe nationale et une belle sélection hybride composée par les Biterrois devenus champions de France peu de temps auparavant avec la fameuse équipe de Pierre Danos et deux Montois de luxe : les frères Boniface eux-mêmes. Une belle équipe à l’arrivée avec Paul Dedieu à l’arrière, André et Guy Boniface au centre, Lucien Rogé à l’aile et une 3ème ligne de feu avec Roger Gensane et Francis Mas en pilier !
Le stade est archiplein, les locaux dominent et gagnent. Moi, je cours comme un dératé pour aller chercher les ballons qui sortent sur ma moitié de terrain. À la fin du match, l’international Guy Boniface vient gentiment me dire merci. Sans doute l’a-t-il fait aussi pour les autres, mais je n’ai retenu que son sourire et sa main sur mon épaule.

 

22.-Guy-Vigouroux-international-à-XIII-et-Aimé-Terme-recordman-du-monde-en-haltérophilie-et-JO-de-Munich-1972

Richard avec Guy-Vigouroux (international à XIII) et Aimé Terme (recordman du monde en haltérophilie)

D’autres souvenirs du Stade Montpelliérain ?

Pas trop, sinon que les seniors que je vais voir jouer dès que possible sont entraînés par un ancien ailier biterrois, Laurent Spagnolo et que, lorsque nous rencontrons les équipes de Béziers ou de Narbonne, nous prenons souvent une rouste.

 

Du Stade Montpelliérain à Montpellier XIII, il n’y a donc eu qu’un pas.

D’une certaine manière, oui, puisque je signe à Montpellier XIII en juniors afin de suivre mon frère de cœur, Richard Orbay. Et c’est là, curieusement, que je découvre un début de vocation de… journaliste. En effet, l’entraîneur et pédagogue, Jean Cabrol, me nomme responsable de la presse et j’écris dans la presse locale, sans signer, mais avec beaucoup de zèle et d’application.

L'équipe juniors de Montpellier XIII

L’équipe juniors de Montpellier XIII… Accroupi, Richard est le 2ème en partant de la droite

 

Cela ne ressemble pas vraiment à un coup de foudre pour le ballon ovale, hein ?

Building number 12. NumberplatePour le rugby, non. Pour les juniors qui jouent en ouverture de l’équipe première, oui. Une équipe de vrais copains, avec d’excellents joueurs : Richard Orbay, redoutable et redouté en deuxième ligne, Jean-Baptiste Djebli en 3ème ligne, le meilleur joueur de l’équipe… qui a d’ailleurs terminé sa carrière à XV avec l’A.S.Béziers, la triplette Paul Camilleri, Alain Garcia, Jean-Claude Demotte en première ligne qui constitue un socle puissant et solide, notre capitaine, Michel Appolis qui possède toutes les caractéristiques inhérentes du n° 9. Pour ma part, je deviens le 1er centre officieux.

 

Pourquoi officieux ?

Parce que les autres trois-quarts m’apposent l’étiquette d’intellectuel, ce que je n’ai jamais été, pour la bonne raison que j’essaie, derrière, de mettre au point des combinaisons qui, parfois, réussissent.

 

Pourrais-tu t’étendre davantage ici ?

Une fois les consignes initiales de nos entraîneurs respectées, on essaie de surprendre la défense adverse en passant la ligne d’avantage en la perforant si possible ou en permettant à notre ailier de bénéficier d’un temps d’avance sur son vis-à-vis, tout en nous efforçant de ne jamais perdre la balle, quitte à subir un tenu. Après ces consignes-là, nous avons toute latitude pour mettre au point des combinaisons, à condition qu’elles ne soient ni trop compliquées ni systématiquement inefficaces. Et comme je suis le seul à en proposer, les trois-quarts m’écoutent.

 

Et d’où sors-tu toutes ces combinaisons ?

Fotolia_86384373_XS BrainstormingDe ce que j’aperçois à la télévision ou sur les terrains. J’observe attentivement le jeu derrière et quand je vois un truc original et d’apparence facile à mettre au point, je nous l’approprie. Jo Maso est mon modèle number one… même si nous essayons de simplifier au maximum ses combinaisons parce que nous n’avons évidemment pas son talent. Toutefois, étant soi-disant l’inspirateur, je joue toujours en position de 1er centre et je mets en valeur le 2ème centre, la plupart du temps plus véloce que moi.

 

Après l’anecdote de Grivita Rosi à XV, tu en aurais une à XIII ?

Oui, bien sûr. La meilleure et la plus surprenante pour nous, c’est que Richard Orbay et moi sommes devenus champions de France Universitaires à XIII dans les rangs de la sélection de l’Hérault (une compétition qui rassemble les enseignants, éducateurs et étudiants des divers Comités).

 

Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

J’avais une dévotion extrême pour l’entraîneur général, Jean Cabrol, que j’aurais suivi jusqu’aux antipodes s’il l’avait fallu. Un universitaire brillant, un éducateur génial, un homme bon et si passionné par cette discipline que, parfois en sa présence, j’en éprouvais quelque culpabilité tant le XIII, pour moi, n’était qu’une activité sportive parmi tant d’autres…
Un matin, il nous appelle, Richard et moi, et nous propose de venir les renforcer (sic) en finale du Championnat de France Universitaire face à la sélection de l’Aude. Je n’en reviens toujours pas ! Il me spécifie que je jouerai à l’aile, Francis Camel à l’arrière, lui à l’ouverture, Jeanjean en 3ème ligne et Richard en 2ème. J’ai un peu la trouille de n’être pas à la hauteur, mais je suis aussi fou de joie.

 

Et comment cela se déroule-t-il ?

Comme dans un rêve. Je suis attentif, toujours disponible, et je ne me fais sermonner gentiment (parce que « Monsieur » Cabrol est quelqu’un d’affable) qu’une fois en ratant une seule combinaison : je n’entre pas à l’intérieur pour croiser avec lui, car complètement sonné à ce moment-là ! Mais, finalement, nous gagnons et remportons le titre.

 

Une anecdote à propos de cette finale ?

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Oui, la même, mais en version douloureuse cette fois.
À moment donné, Paul De Nadaï que tout le monde appelait Francis, je ne sais pas pourquoi, (capitaine de l’équipe de France, 31 fois international, vice-champion du monde contre l’Australie) percute son vis-à-vis et s’échappe tout seul au milieu de terrain, je reviens de mon aile en direction de ce colosse (1,87 m, 98 kg) qui, pour moi, ressemble alors plus à Goldorak qu’à un ailier de fortune. Je me retrouve en face, lui plus puissant que rapide évidemment, mais… tellement puissant. Un véritable bison chaussé de crampons ! Je m’applique et je plonge à terre pour éviter ses genoux afin de lui ceinturer ses gros mollets. Je parviens à le faire tomber et à éviter l’essai en contre, mais, au passage (peut-être involontairement après tout), il m’assène un coup de coude sur la tête. Je tiens bon, il reste au sol, effectue son tenu, mais, quand je me relève, je suis sonné et je retourne à l’aile sans même savoir ce que j’y fais. Quelques secondes ou minutes après, notre équipe attaque et Jean Cabrol glisse vers moi pour entraîner l’ouvreur et le centre adverses vers lui de façon à ce que je croise à l’intérieur pour percer en surprenant mon vis-à-vis censé avoir un temps de retard. Mais, encore sonné, je ne bouge pas et Jean est Illustration Drapeau - Footballdirectement projeté en touche. En revenant, il me demande de suivre le jeu plutôt que de rêver à il ne sait pas quoi : je rougis jusqu’aux orteils et je me réveille aussitôt, mais je n’ai jamais eu l’occasion depuis de lui expliquer que si je n’avais pas bougé, c’était parce que j’étais groggy ! J’en ai eu honte longtemps.

 

Après ce titre à XIII, as-tu continué dans le rugby ?

Oui et non. Je suis parti à Lille pour y suivre des études à l’E.S.J. (l’École Supérieure de Journalisme) et je n’ai plus joué qu’en Universitaire alors, mais de nouveau à XV puisque le XIII n’existait pas alors dans le Nord. C’est comme ça que j’ai aussi porté le maillot du L.U.C, le Lille Université Club.

25. Le XV du LUC (Lille Université Club). Accroupis, Richard est le 3ème en partant de la gauche.

Le XV du LUC (Lille Université Club). Accroupi, Richard est le 3ème en partant de la gauche.

 

C’est donc à ce moment-là que tu deviens journaliste ?

logo journal l'EquipeOui, après Lille, Roubaix, Tourcoing, Quesnoy-sur-Deûle, puis un passage furtif à Saint-Jean de Védas (Midi Libre) où je me rends compte à mes dépens de la véracité du dicton « nul n’est prophète en son pays », j’atterris curieusement à Paris (L’Équipe) grâce à un heureux concours de circonstances et sur les conseils de Jean-Marie Leblanc (futur directeur du Tour de France), avec qui je suis très lié. Nous avions débuté ensemble à La Voix du Nord quelques années auparavant, et nous formions un vrai trio d’amis avec Jean Réveillon, avant qu’il ne s’en aille, lui, à la direction de France Télévisions.

Tournoi foot féminin masculin de L'Equipe organisé et arbitré par Richard en maillot multicolore.

Tournoi foot féminin masculin de L’Equipe organisé et arbitré par Richard en maillot multicolore.

 

Mais pourquoi utiliser « curieusement » à propos de ton embauche à L’Équipe ?

Parce que je suis embauché par Robert Parienté qui cherche un journaliste polyvalent capable d’œuvrer six mois d’hiver à la rubrique rugby et six mois d’été à celle de l’athlétisme, sa discipline de prédilection, ce qui n’est pas du tout mon cas. Comme je viens de déposer sur un coup de tête ma démission à Midi Libre sous prétexte que la mentalité y est trop fonctionnaire, je suis totalement libre et je commence donc moins d’un mois après dans la rubrique rugby de L’Équipe avec plusieurs pointures de très haut niveau autour de moi…

 

Avec Pierre Villepreux, 34 sélections, 1 Grand Chelem et 168 points inscrits en équipe de France de rugby

Avec Pierre Villepreux, 34 sélections, 1 Grand Chelem et 168 points inscrits en équipe de France de rugby

Es-tu opérationnel tout de suite ?

Non, en tout cas pas dans ma tête. Afin d’essayer d’être au top, techniquement parlant, ou plutôt ici techniquement écrivant, je passe les premiers degrés du brevet d’arbitre à Toulouse, sous l’œil avisé du professeur du collège, Jean-Claude Yché, un homme remarquable, un de ces passionnés qui permet au rugby de briller davantage.

 

Cela t’a-t-il servi dans ta profession ?

Un peu, oui, dans mes écrits j’ai gagné en expertise. Pas du tout auprès de mes confrères, qui se fichent pas mal de ce réflexe d’innocent aux illusions pleines.

 

Te plais-tu tout de suite dans ce monde du rugby de haut niveau ?

Oui, j’y rencontre des gens fabuleux et je me lie d’amitié avec quelques belles personnalités…

 

Lesquels fabuleux et lesquelles amitiés ?

Lesquels ? En vrac vraiment : Jo Maso, Serge Gabernet, Jean-Luc Joinel, Jean-Michel Rancoule, Dominique Erbani, Éric Bucheit, Jean-François Imbernon, Michel Palmié, Pierre Villepreux, Patrice Lagisquet, Laurent Rodriguez, Éric Bonneval, Gérald Martinez, Denis Charvet, Yves Lafarge, Éric Fourniols, Alain Lorieux, Thierry Janeczek, Jean Patrick Lescarboura, Serge Blanco, Philippe Sella, Pascal Ondarts, Bernard Viviès, Philippe Dintrans, Karl Janick, Daniel Herrero, Jean-Pierre Rives, etc.

Lesquelles ? Là, pas du tout en vrac : Jean-Pierre Garuet, Pierre Berbizier, Robert Paparemborde, Bernard Herrero, Pierre Lacans, Éric Champ, Marc Andrieu, Guy Laporte, Daniel Dubroca, Roger Etcheto, etc.

7. Les Biterrois Richard Astre, Jean-Louis Martin, André Lubrano, Olivier Saisset, Jack Cantoni et Armand Vaquerin ensemble en équipe de France de rugby

Richard avec Les Biterrois Richard Astre, Jean-Louis Martin, André Lubrano, Olivier Saisset, Jack Cantoni et Armand Vaquerin, ensemble en équipe de France de rugby

 

Et si tu devais faire un bilan à propos de L’Équipe ?

Je n’en garde pratiquement que de bons souvenirs.

 

Quel est ton meilleur souvenir de reportage ?

PARIS - Ancien panneau entrée d'agglomérationChaque fois qu’on me l’a demandé, je ne suis jamais parvenu à convaincre mes interlocuteurs, ce sera également le cas ici.
Au contraire de ce que l’on croit ordinairement, ce ne sont pas les Jeux Olympiques ou les Championnats du monde, d’Europe, les Tournois internationaux ou autres qui m’ont transcendé durant ma vie de reporter aux cent frontières. Lors de toutes ces compétitions d’ailleurs, je n’ai jamais vraiment apprécié les mouvements de foule côté spectateurs et les similitudes avec les camps de scouts côté clans de journalistes…

 

Tu pourrais développer un peu plus ?

Même si personne ne parvient jamais à le croire, c’est l’épreuve bizarre de marche issue (presque) d’un autre monde et appartenant (presque) à une autre planète baptisée Paris-Colmar.
Il était d’usage à L’Équipe de confier cette tâche déclarée ingrate au dernier Mohican arrivé dans la troupe. Une sorte de bizutage reconnu et admis auquel le petit nouveau se pliait volontiers, car il s’agissait ici d’un rite qui signifiait avant tout que le bizuth en question venait d’entrer dans cette grande, belle et noble institution qu’était ce journal considéré par tous comme « la bible du sport ».
Arrivé sur place, j’ai droit au rassemblement d’un monde interlope, tout droit échappé d’une vieille bande dessinée que l’on aurait pu croire ne plus exister, sinon ailleurs que sur des étagères d’archives poussiéreuses. Des compétiteurs de tout âge, de tout poil et de tout sexe entassés en un endroit stratégique envahi par des caravanes de vacanciers, souvent empruntées pour l’occasion, une musique de flonflon à base d’accordéon, autrement dit un remue-ménage d’une autre époque.

 

C’est quoi un endroit stratégique ?

C’est une place publique quelconque, dans une ville-dortoir de la banlieue profonde choisie surtout pour éviter au maximum de perturber un quartier pourtant assoupi, avec de vagues relents de soupe aux poireaux échappés des fenêtres. Et là, on m’offre le privilège d’assister à un diaporama vivant de village made in France des années 1900… et je tombe littéralement amoureux de cette épreuve et de ces splendides sportifs inconnus.
Pour paraphraser Corneille, je pourrais dire que nous partîmes cinq cents, nous nous vîmes trente en arrivant à Colmar. Tant, à les voir marcher avec une telle exaltation, les suiveurs les plus attentionnés n’éprouvaient que de l’admiration…
J’ai trouvé cette épreuve émouvante et surréaliste, très physique de surcroît et suffisamment sportive pour inspirer Jacques Tati… si seulement les organisateurs avaient eu la bonne idée de choisir le village de Sainte-Sévère dans l’Indre comme ville étape.
Évidemment, à L’Équipe, tout le monde est satisfait… non pas de mes écrits (à mon humble avis sans doute les meilleurs en ce qui me concerne), mais de ma décision de rempiler encore et encore au fil des ans dès que la date de Paris-Colmar approche. Un vœu d’autant plus exaucé que les volontaires ne se bousculent pas.

 

Étrange ce coup de foudre, non ?

Sur le plan de la simple logique professionnelle, oui. Sur celui de l’émotion pure, non.
Ces sportifs du dimanche sont tous de modestes employés dans leur région et ils ne s’entraînent justement que le dimanche et les jours fériés avant de pouvoir peaufiner leur préparation durant leurs dates de vacances déposées bien à l’avance, sans oublier une demande exceptionnelle de congés afin de participer à cette épreuve pédestre de 470 km, mais uniquement quand ils parviennent à se qualifier. Une espèce de farandole d’un autre âge avec, perdu au milieu, sans doute, le Philémon de Fred chancelant entre son village de la France profonde et des îlots formés par les lettres de Paris-Colmar.

 

Pourquoi avoir arrêté un jour de couvrir cette épreuve alors ?

COLMAR - Ancien panneau entrée d'agglomérationParce que la place consacrée dans le journal à cette épreuve quelque part ubuesque est sans cesse réduite : trois colonnes pour commencer, puis deux, puis une, puis un résumé en dix lignes, puis trois minuscules communiqués (un au départ, un au milieu et un à l’arrivée) aptes à être reculés en cas d’un besoin pressant de l’actualité.

 

Quel est ton meilleur souvenir de travail au siège ?

Bernard-Hinault-5-Tours-de-France-3-Giro-2-Vuelta-champion-du-Monde-80-Paris-Roubaix-81

Bernard Hinault, 5 Tours de France, 3 Giro, 2 Vuelta, Champion du Monde 80, Paris-Roubaix 81

Sans hésitation le Vivier. Il s’agit d’un service rassemblant tous les pigistes du journal, une sorte de réserve dans laquelle on puise dès qu’il faut embaucher quelqu’un. Des jeunes gens brillants avec, pour dénominateurs communs, le talent et l’enthousiasme. Ils ont tous réussi et sont pratiquement tous aujourd’hui rédacteurs en chef quelque part : L’Équipe, le Mag, France Football, Aujourd’hui en France, Le Figaro, Le Figaro littéraire, Libé, L’Humanité, Le Quotidien du Médecin, Elle, France Télévisions, TF1, beIN Sports, Canal, sans oublier les journaux régionaux, le P.S-G., le C.I.O…
J’en ai même eu un qui est allé jusqu’à devenir directeur des Rédactions de L’Equipe et cela en toute logique.

 

As-tu conservé des liens avec certains d’entre eux ?

24. L'Equipe vainqueur du tournoi de foot à 7 des sportifs de haut niveau à l'INSEP.

L’Equipe du “Vivier” vainqueur du tournoi de foot à 7 des sportifs de haut niveau à l’INSEP… Richard tient la coupe!

Avec beaucoup, oui. Ils organisent régulièrement un repas à Boulogne où nous nous retrouvons à tour de rôle avec beaucoup de tendresse. Ils me vouent une affection pérenne qui m’étonne et m’ébranle à chaque fois. De temps en temps certains continuent même de m’adresser une copie de leur article dans le souci de continuer à progresser, mais comme ils sont de plus en plus brillants, j’ai de moins en moins de remarques à formuler.
Quelque part, je me dis qu’il serait peut-être temps de songer à un nouveau projet commun, sérieux mais ludique… pour ceux qui le voudraient, bien sûr.

 

Conserves-tu de bons souvenirs des divers Jeux Olympiques où tu te trouvais ?

J’en ai quantité, mais je mentirai si je disais qu’ils sont les meilleurs de ma vie. J’ai toujours trouvé que la structure même des Jeux flirtait quelque part avec l’idée de la surpopulation et, parfois, cela en devenait… étouffant. Du moins en ce qui me concerne.

 

Si tu devais nous restituer trois anecdotes personnelles des Jeux Olympiques ?

20. Alain Blondel, champion d'Europe de décathlon 94, ici aux Jeux de Séoul 1988 (6ème)

Richard avecAlain Blondel, champion d’Europe de décathlon 94, ici aux Jeux de Séoul 1988 (6ème)

À Séoul avec le tremblement de presse provoqué par le contrôle positif du Canadien Ben Johnson qui venait de survoler les qualifications du 100 m, j’assiste à la finale remportée par le Britannique Linford Christie dans les tribunes réservées aux athlètes juste derrière… Ben Johnson qui parle peu et, de surcroît, bégaie, mais je peux recueillir quelques bribes de phrases pour rédiger un article inespéré sur le vif.

 

Logo JO Barcelone 1992À Barcelone, présent un après-midi dans un immense hangar transformé en palais où Vitaly Scherbo vient de réaliser l’exploit de remporter une 6ème médaille d’or (gymnastique artistique), je rédige mon papier en toute décontraction dans les tribunes de presse. Je ne m’aperçois pas que le service d’ordre veille attentivement à ce que toute l’assistance sorte, avant de nettoyer avec soin les travées, puis de rouvrir les portes pour les épreuves suivantes de… basket. Là, ayant fini mes articles, l’ordinateur rangé, les mains dans les poches, j’assiste, médusé, à une rencontre opposant la fameuse Dream Team (l’équipe nationale des Etats-Unis) à je ne sais plus quel adversaire et j’admire en esthète les Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson, Scottie Pippen, Karl Malone, David Robinson et mon favori, Charles Barkley, qui enflamment littéralement la salle dans laquelle se trouvent, face à moi, Michael Douglas et Jack Nicholson ! Les Américains remportent la victoire avec plus de quarante points d’avance. Le pied absolu.

9. L'Equipe aux J.O. de Barcelone avec Robert Parienté, brillant directeur des rédactions, qui tient par l'épaule Michel Jazy et Richard.

« L’Equipe » aux J.O. de Barcelone avec Robert Parienté, brillant directeur des rédactions, qui tient par l’épaule Michel Jazy et Richard.

 

5. Nadia Comaneci, 5 fois championne olympique, 2 fois championne du monde et 9 fois championne d'Europe en gymnastique

Lors des Jeux d’Atlanta, Richard retrouve avec grand plaisir sa copine Nadia Comaneci (5 fois championne olympique, la 1ère dans l’histoire des J.O. à avoir obtenu une note de 10 sur 10, 2 fois championne du monde et 9 fois championne d’Europe en gymnastique artistique) ici consultante pour une télé américaine.

À Atlanta, où, un soir, après la compétition de judo ou de hand-ball, je ne sais plus, je rentre tranquillement à pied. La nuit est douce et calme et je ne me presse pas, histoire de souffler un peu. Devant moi, il y a un gars immense, en short noir et t-shirt blanc passe-partout, mais avec un corps incroyable : des épaules carrées, des bras aux muscles vraiment saillants, une taille véritablement ici de guêpe, des cuisses bien dessinées, des mollets robustes et des baskets blancs aux pieds d’une pointure d’au moins 50 cm : je pense instantanément à un athlète du foot américain.
Tout à coup, un bruit de groupies en délire éclate dans mon dos. L’athlète en question se retourne brusquement et je reconnais soudain… Evander Holyfield ! Alors, sans plus attendre, il déploie une foulée aussi souple et ample que celle de Carl Lewis et laisse carrément tout le monde sur place : moi sidéré, ainsi que les sept ou huit Japonaises qui sprintent… sans jamais parvenir à le rejoindre puisque je les rattrape sur le trottoir quelques secondes après, essoufflées et l’air pantois.
Quelle prodigieuse impression que me laisse ce champion prodigieux qui conquiert 4 fois le titre de champion du monde des poids lourds, après avoir unifié celui des lourds-légers…

 

Dans combien de journaux as-tu travaillé ?

Six au total. J’ai commencé par un bimensuel, « Sports Languedoc », avant de tomber dans le piège du quotidien et, tour à tour, de signer à « La Dépêche du Midi », « La Voix du Nord », « Nord-Eclair », « Midi Libre », puis « L’Équipe ».

 

Pourquoi « le piège du quotidien » ?

Parce que le rythme y est infernal, parce que vous êtes toujours sur la brèche, parce que vous n’êtes pas disponible pour autre chose. Je n’ai pas eu la chance de travailler un jour pour un mensuel… c’est mon seul vrai regret dans le journalisme.

 

Et si tu nous parlais un peu de « Sports Languedoc » ?
Avec Jean-François-Imbernon, 23 sélections-en-équipe-de-France

Avec Jean-François Imbernon, 23 sélections et 2 Grands Chelems dans le Tournoi avec le XV de France

C’est là où je débute, à Sète puisque c’est le siège, j’y écris sous deux signatures et je sympathise avec plusieurs sportifs du coin dont deux (Aimé Terme et Guy Vigouroux) sont restés mes amis. Les vedettes locales à cette époque sont Michel Mézy et Walter Spanghero.

Tu as une anecdote croustillante au sujet de ton premier canard ?

Plein là aussi, mais la plus marrante, c’est que lorsque le rédacteur en chef du journal, Roger Brès, décide d’arrêter pour rejoindre à Saint-Ouen la direction du Red-Star football, je suis convoqué par un jeune inconnu plutôt dynamique qui veut reprendre le bimensuel, mais à condition que j’y reste, que je m’occupe intégralement de la rédaction et que je signe un contrat avec lui avec la promesse d’un recasement dans l’une de ses filiales en cas de fermeture du bimensuel ! Je me rends donc à Marseille pour le rencontrer et tout se passe bien entre nous, mais, après réflexion, je décline sa proposition, car je suis en première année de l’ESJ et je veux aller au bout de mon cursus afin d’obtenir mon diplôme.

Quelques années plus tard, quand je suis à la rubrique rugby de L’Équipe, un publicitaire et la FFR passent un accord pour diverses opérations, notamment le fameux village des tentes mis en place lors de tous les matches du Tournoi. Un jour, je m’y rends et je tombe sur la même personne qui désirait m’embaucher quelques années auparavant pour Sports Languedoc new look !
Il s’agissait de Jean-Claude Darmon.

Le lui as-tu rappelé alors ?

Bien sûr, il s’est souvenu de moi et on a rigolé, mais il m’a avoué que son opération de reprise n’aurait sans doute pas été viable longtemps. En revanche, a-t-il ajouté, si j’avais accepté de le suivre à ce moment-là, aujourd’hui je serai encore avec lui, car il avait l’habitude de conserver les gens qui n’hésitaient pas à le suivre dans ses projets toujours jugés hasardeux par les frileux.

As-tu l’occasion de recroiser Walter Spanghero et Michel Mézy ensuite au cours de ta carrière ?

Walter Spanghero

Walter Spanghero, 51 sélections, 11 fois capitaine, 3 Tournois et 1 Grand Chelem avec le XV de France.

Oui, Walter achève tranquillement sa carrière de rugbyman à Marmande, tandis que Michel, lui, signe au LOSC.
Les gens se moquent gentiment de l’accent tellurique de Walter Spanghero, gentiment car il est très aimé. C’est un exemple extraordinaire, y compris en dehors du terrain : un homme intègre et très professionnel dans tout ce qu’il entreprend. Je songe même à l’éventualité de quitter le journalisme pour le suivre et le seconder dans la tâche de son choix tant j’ai une confiance absolue en lui. J’ose le lui écrire, il s’en souvient peut-être…
Quant à Michel Mézy, je le retrouve à Lille, car il est professionnel au LOSC et moi étudiant à l’ESJ et pigiste à l’hebdomadaire, La Voix des Sports. Au début, nous avons un peu le mal du pays comme l’on dit, mutuellement nous nous remontons donc le moral et nous faisons le vœu que le premier qui redescendra officiellement devra payer un très bon repas à l’autre appelé à rester un peu plus longtemps dans le Nord.

Et qui a payé un repas à l’autre ?

Personne, mais cela aurait dû être lui, car il est redescendu un an après à peine.

Michel Mézy

Michel Mézy, 17 sélections en équipe de France de Football

Pourquoi ne l’as-tu pas relancé ?

Parce que j’ai un peu honte par rapport aux Ch’timis qui m’ont si bien accueilli et qu’aujourd’hui encore, parfois, je regrette. Je suis resté dix ans là-bas et, avec le temps, je me dis que j’aurais peut-être dû y rester toute ma vie tant j’y fus heureux et tant, par exemple, Lille est une ville fantastique. Méconnue, snobée, mais d’une beauté absolue. Sans oublier Hardelot, Le Touquet, Boulogne, Bruxelles, Bruges et beaucoup d’autres villes encore…

 

Ton meilleur souvenir professionnel dans le Nord ?

Sans contestation possible, un dîner impromptu en hiver avec Raymond Devos.
Je travaille à Nord-Eclair et je deviens le spécialiste des Variétés. Un jour, j’obtiens un rendez-vous avec Raymond Devos en visite en Belgique. Fébrile, je me rends au rendez-vous et nous sympathisons aussitôt, avec lui c’était facile il est vrai. Nous parlons de Ferré, Ferrat, Trenet, Brel, Brassens, Charlot, Pierre Etaix et l’heure passe…
Au bout d’un moment, j’ose lui avouer que je n’ai pas envie de rentrer au journal et que j’aimerais pouvoir prolonger ce bel échange avec lui. Il me confie mort subiteque, lui aussi, il aimerait que l’on poursuive notre discussion, car il est ému de se retrouver dans cette contrée. Alors, si je suis d’accord, il se propose de m’emmener dans un troquet où nous serons à l’aise. J’accepte évidemment et il m’entraîne dans un petit café bien sombre sur l’ancien poste de douane du « Risquons-tout », entre Mouscron, sa ville natale en Belgique, et Neuville-en-Ferrain, tout près de Tourcoing. Là, il commande une « Mort subite » et me dit que c’est sa madeleine de Proust à lui et nous continuons à discuter ensemble de la vie, de nos illusions, de la sémantique jusqu’à une heure avancée, accompagnés d’un succulent lapin aux pruneaux.
Je ne savais pas alors à quel point j’étais un privilégié. Aujourd’hui, je me dis que ce fut la plus belle rencontre de ma vie professionnelle avec celles de… Léo Ferré.

 

Léo Ferré était-il ton ami ?

Oui, selon ce qu’il disait, mais je n’avais et n’aurais pas cette prétention-là. Léo avait beaucoup d’amis et, pour moi, il était avant tout mon… professeur préféré. Quand j’avais la chance d’être auprès de lui, je l’écoutais. J’essayais d’enregistrer tout ce qu’il me disait, sans jamais l’interrompre.

Que te disait-il ?

3. Léo Ferré

Richard ici avec Léo Ferré…

Il me parlait de tout, enfin de tout ce qui le préoccupait au moment où je le retrouvais. C’était très varié. Par exemple, il me disait qu’il avait été question qu’on lui fasse interpréter au cinéma le rôle de Saint François d’Assise et que, plus le temps passait, plus il regrettait que ce projet n’ait pas pu aboutir, car il aimait beaucoup les animaux et que, ne serait-ce que pour cela, il respecterait toujours « Madame », précisait-il, Brigitte Bardot ! Par exemple que si je venais vivre en Toscane, près de chez lui, les autochtones continueraient de l’appeler « Maestro », tandis que, pour ma part, ils m’appelleraient « Professore » ! Par exemple que les gens lui parlaient toujours de la chanson de son répertoire qu’ils aimaient le plus et, à ce jeu, « Avec le temps » et « C’est extra » revenaient le plus souvent dans la discussion, loin devant « La Solitude », « Jolie môme », « Paris Canaille », « Les Anarchistes », « Le piano du pauvre », « Comme à Ostende », « Paname », « Le flamenco de Paris » et bien d’autres encore, mais que c’était la première fois que quelqu’un lui citait « Tu ne dis jamais rien » et, pourtant, il avait composé la musique de cette chanson en même temps pratiquement que celle d’Avec le temps qui avait tout phagocyté auprès de son public ! Par exemple que sa maison en Italie me serait toujours ouverte et que je pourrais y venir n’importe quand, mais que la seule exigence qu’il avait, ce serait de respecter les horaires des repas ! Par exemple qu’il détestait le sport en général, mais qu’il avait une infime indulgence pour le football puisque c’était le sport préféré de son fils, Mathieu ! Par exemple qu’il se méfiait des journalistes plus enclins au scoop à tout prix, quitte à l’inventer, qu’à la sincérité exprimée, jugée trop banale pour la plupart d’entre eux ! Par exemple que « La mémoire et la mer » était au départ un texte intime, une introspection qui n’aurait jamais dû sortir de son tiroir parce que trop hermétique, pourtant c’était devenu auprès de beaucoup une de ses chansons les plus marquantes ! Par exemple qu’un jour la mort l’avait appelé en direct au téléphone et qu’il lui avait répondu qu’elle faisait un sale métier et qu’il avait honte pour elle ! Depuis ce jour, ce n’était plus lui qui décrochait le téléphone…


ICONE-VIDEOLéo Ferré : « Tu ne dis jamais rien »


 

La chanson que tu viens de choisir, « Tu ne dis jamais rien », n’est-elle pas un peu trop hermétique pour le grand public ?

Exact, d’habitude j’hésite toujours à révéler que c’est ma chanson préférée ! Seuls ceux qui ont lu, aimé et vibré sur « Benoît Misère », le seul roman écrit par Léo, ou ont réagi de la même manière avec « l’Opéra du pauvre » pourraient (la et me) comprendre. Pour les autres, cette chanson est trop ésotérique, alors je cite plutôt « Metaphysic song », assurément une des plus belles chansons du répertoire de Léo, avec « Les étrangers »…

« J’avais ce texte de mon ami Jean-Roger Caussimon depuis des années dans un tiroir et, un jour, sans élever la voix, Marie m’a dit qu’il fallait tout de même que je me décide à lui composer une musique… c’est sa façon à elle de me gronder sans en avoir l’air… alors, un beau matin, je m’y suis mis.

Je suis content que cette chanson te plaise, notamment parce que l’on ne m’en parle pas beaucoup. Sur cet album, on me parle surtout des Spécialistes et des Loubards… »

Fort de cette approbation, je vous invite donc à découvrir cette chanson métaphysique et à vous laisser guider en ballon si possible irisé par la musique sublime de Léo (cor, harpe, hautbois, violon, etc.) et la voix Ferré puisque, somme toute, nous faisons tous partie du grand cortège de la vie, n’est-ce pas ?

Par ailleurs, je note que lorsqu’on me parle de Léo Ferré, on se plaint quelquefois de sa posture d’artiste fier, intello, coléreux et même intransigeant. J’essaye d’expliquer que c’est exactement le contraire : Léo était un homme d’une douceur infinie qui tentait de se protéger avec des attitudes plus ou moins extravagantes qui ne lui correspondaient effectivement pas.

Un jour, nous en avions discuté ensemble.

« Oui, quelques-uns disent que je suis fier, mais c’est parce que je me défends. Si j’avais été aussi fier que ça, je n’aurais jamais supporté de chanter dans des cabarets devant des gens qui mangeaient et parlaient entre eux !

Parfois, quand je me couche tard, j’ai la sotte prétention d’être fier de ce que je viens d’écrire et je peux même dormir apaisé, mais, le lendemain, quand je me relis, je trouve que c’est de la mouscaille et je déchire tout aussitôt ! Et puis, tu sais, si tu ne crois pas toi-même un peu à toi, tu ne fais plus rien. On n’est pas toujours tendre avec ceux qui débutent… ça se calme un peu après, mais pas avant.

C’est vrai que créer pour être reconnu est un piège et beaucoup ne s’en relèvent pas. Moi, j’ai longtemps galéré, je me suis souvent découragé… je n’ai été reconnu qu’à plus de cinquante piges… pratiquement par accident… puisque ce sont les événements de mai 1968 qui m’ont propulsé au-devant et, pourtant, je n’y ai pas vraiment participé à ces événements-là…

Coléreux et intransigeant… on le dit aussi, mais c’est mal me connaître, mais la colère c’est le désespoir de la timidité, non ? Mais c’est une façon aussi de ne pas pleurer quand on est esseulé et trop fragile. Et puis, quand j’étais dans la mouise, on ne disait pas que j’étais coléreux et intransigeant, hein ? »


ICONE-VIDEOLéo Ferré : « Metaphysic song »


 

Si l’on en juge d’après tes photos, tu sembles avoir été très proche de certains ?

8. Catherine Ribeiro, la grande prêtresse de la chanson française pour la presse, ma grande amie pour moi

… Et là avec Catherine Ribeiro

Pas tant que ça, non. Ce fut le cas pour Catherine (Ribeiro), Glenmor et Léo (Ferré), et c’est déjà pas mal.
Catherine, j’ai même envisagé un moment d’abandonner le journalisme là encore pour devenir son secrétaire artistique, tellement on s’aimait amicalement tous les deux. Glenmor, lui, c’était cocasse : à l’ESJ, je voyais les étudiants bretons se passer entre eux des 30 cm d’un barde à l’air guerrier que je ne connaissais pas. Un dénommé Glenmor que je n’avais jamais entendu chanter de ma vie ! Et puis, plus tard, par l’intermédiaire de mon ami Ghislain Gouwy, je l’ai rencontré et il m’a tout de suite adoubé. Alors, tout comme pour Catherine et Léo, dès qu’il passait dans le Nord, en Belgique ou à Paris, j’allais le voir et nous sommes tout naturellement devenus amis. Lui aussi, je l’écoutais.

 

As-tu rencontré beaucoup d’autres personnalités médiatiques ?

Forcément puisque je m’occupais des Variétés et que je pigeais dans certaines revues spécialisées. Mais rencontrer ne signifie pas automatiquement aimer.

Richard avec Brigitte Fossey, célèbre dès l'âge de 5 ans avec Les Jeux interdits

Richard avec Brigitte Fossey, célèbre dès l’âge de 5 ans avec Les Jeux interdits

As-tu des regrets aujourd’hui ?

Oui, plusieurs mêmes.

Lesquels ?

Beaucoup, mais principalement avec Barbara, Gainsbourg et Giani Esposito.

Pourquoi ?

Giani Esposito parce que j’avais les larmes aux yeux quand il chantait « Le clown » ou « Un rossignol à l’époque Ming » avec cette espèce de tendresse désespérée qui transparaissait de tout son être… j’aurais aimé le rencontrer et, à force de laisser passer le temps, j’ai appris un jour qu’il était décédé.

Barbara et Gainsbourg parce que j’étais trop immature et que je ne me suis pas aperçu de la chance que j’avais eue à les côtoyer durant un bel après-midi.

Barbara (1965)

Barbara (1965)

Avec Barbara, ce fut dans sa roulotte qui lui servait de loge en 1981 quand elle chantait à Pantin. J’étais allé l’interviewer et on avait parlé de Catherine, de Léo, de Giani Esposito et de Colette Magny aussi. Grâce à eux peut-être, elle s’était prise d’affection pour moi parce qu’elle me trouvait triste, limite dépressif même. Comme elle était seule ce jour-là et avait envie de parler, elle m’a demandé si j’accepterais de passer l’après-midi en sa compagnie ?
J’ai tout de suite accepté, mais, à ce moment-là, je connaissais assez mal son répertoire. Toutefois, j’ai été tout de suite subjugué par la gentillesse de cette dame brune qui s’est comportée avec moi comme une… comment pourrais-je la définir ici au juste… comme une marraine. Comme une fée. Elle trouvait que j’étais trop jeune pour m’habiller tout en noir et qu’il valait mieux lui laisser cela pour sa propre tenue de scène à elle, car je n’avais pas le droit de gâcher ainsi mon image de gentil chevalier ! Elle me disait aussi qu’elle préférait mille fois être à l’écoute de l’autre plutôt que de devoir se raconter…
À un certain moment, j’ai eu la sottise de lui suggérer de terminer ses tours de chant sur sa terrible chanson : « Qui est cette femme qui marche dans les rues ? Qui est-elle ? À quel rendez-vous d’amour mystérieux se rend-elle ? Elle vient d’entrer dessous un porche. Et, lentement, prend l’escalier… » .
À ses mots d’une stupidité sans nom, je m’en suis rendu compte plus tard, Barbara s’était levée et avait décrété que j’avais absolument besoin de prendre une tisane avec des herbes dont elle avait le secret de façon à me chasser définitivement ces horribles idées de ma tête…

Et alors ?

Alors, la tisane était bonne.

C’est tout ?

Non, elle a rajouté que pour rien au monde elle abandonnerait « Ma plus belle histoire d’amour » lors de son final.

Mais encore ?

Camping-CarJ’étais heureux et docile dans cette roulotte avec cette grande dame si prévenante et plutôt guillerette qui me maternait. C’est le soir, dans cette salle de 2000 places, quand j’ai assisté à son tour de chant, que je me suis aperçu que je n’avais pas su profiter de ce moment fabuleux. Je ne l’ai plus jamais revue, pourtant j’aurais pu essayer d’aller à Percy lui dire que j’étais trop bête alors pour me rendre compte du merveilleux cadeau qu’elle m’avait offert.

 

Serge Gainsbourg

Serge Gainsbourg

Idem, à peu de chose près, plus tard avec Serge Gainsbourg, avec qui j’ai passé un après-midi entier, en compagnie durant un instant de Marianne Faithfull qui, juchée en plein-vent (provoqué par des ventilateurs puissants) sur une voiture en manteau de fourrure, tournait alors un clip mis en scène par Gainsbarre lui-même.
Non rasé et sans chaussettes, Serge Gainsbourg s’était promené toute la journée avec un attaché-case noir tout neuf qu’il ne lâchait pas. Le soir, quand il a fallu le quitter, il m’a dit sur le ton d’un tendre ricanement : « Petit mec, tu as été discret et tu ne m’as pas importuné, il y a longtemps que cela ne m’était pas arrivé avec un journaleux et, pour t’en remercier, je t’offre mon bouquin de photos sur Bambou et les poupées qui va sortir pour les fêtes de fin d’année et tu as droit à me poser la question de ton choix, moi je n’aurai pas le droit de ne pas t’y répondre. Vas-y, petit mec, je t’écoute… »
Je me suis senti idiot, ce que j’étais d’ailleurs, car je n’avais pas de question intelligente à lui poser, je m’étais contenté de le suivre, de l’écouter et de prendre discrètement des notes, tout heureux de me faire oublier dans son sillage, surtout quand Marianne Faithfull, puis Bambou, étaient venues le rejoindre. Alors, je lui ai posé sans réfléchir une question idiote, la seule qui m’est venue à l’esprit, en l’occurrence : – Qu’est-ce qu’il transportait de si précieux dans son attaché-case dont il ne se séparait jamais ?
Attache Case IconIl a rigolé et m’a dit que si j’attendais de voir un revolver ou des liasses de billets, j’allais être très déçu. En réalité, je ne m’attendais à rien.
Il l’a ouverte et, à l’intérieur, sur trois rangées, l’attaché-case était rempli de paquets de Gitanes.

 

Et Jean Ferrat ?

4. Jean FerratLui, cela a été plus simple et plus rapide. Il sortait un album après plusieurs années de silence et il recevait dans un hôtel parisien les journalistes un par un durant dix ou quinze minutes chacun, en fonction peut-être des recommandations de l’attachée de presse de sa maison ? Chacun se préparait à l’avance en espérant trouver une question tout à la fois intelligente et originale. Moi, comme souvent, je n’en avais pas. Quand ce fut mon tour, je lui ai demandé spontanément si sa chanson : « Je ne chante pas pour passer le temps » avait pour but de contrer ou de contredire celle de Léo Ferré : « Je chante pour passer le temps » ?
Il a ri et rougi en même temps, m’a dit qu’on ne lui avait jamais posé cette question et qu’il n’avait donc jamais réfléchi à ça, d’autant que le texte de la chanson de Léo était d’Aragon, et qu’il aurait dû, un jour, en parler avec lui, car ils aimaient énormément Aragon tous les deux…
Et la finalité, c’est qu’il m’a gardé un peu plus de quinze minutes.

 

Et Laurent Terzieff ?

Là, ce fut plus loufoque, un peu comme dans une pièce d’Ionesco. Je l’ai rencontré au Lucernaire avant qu’il n’entre en scène, pendant qu’il dînait, incognito, dans un coin, sous un chapeau, maigre, le visage émacié. Il mangeait des graines et buvait un verre de vin rouge, comme, m’a-t-il dit, tous les soirs.
Après qu’il m’ait invité à m’asseoir en face de lui, je lui ai expliqué sans vraiment y réfléchir que, depuis mon adolescence, on me répétait que s’il avait eu un fils, ce serait moi tellement j’étais censé lui ressembler ! Ses yeux d’un bleu intense m’ont observé durant un long moment, avant qu’il ne me réponde : « – En vous regardant, c’est vrai, je trouve que vous ressemblez à ma sœur ! »

 

Et Johnny Hallyday ?

Il avait été l’idole de ma jeunesse, bien sûr. J’avais économisé mon argent de poche pendant un an ou plus pour aller le voir, au Régent, à Montpellier, un cinéma qui n’existe plus. Je me souviens qu’à cause du retard le public s’échauffait grave. Soudain, le noir. On comprend que les musiciens gagnent leur place sur la scène grâce à quelques reflets fugaces au passage de guitares électriques. Silence total. Puis, tout à coup, quelqu’un craque une allumette et l’approche de sa bouche pour allumer sa cigarette. Alors, tout le monde reconnaît Johnny et la salle chavire aussitôt…

 

Quand tu deviens journaliste plus tard, as-tu l’occasion de le retrouver ?

1- Johnny

Richard appréciant en connaisseur le style de Johnny au Tir à l’arc.

M’occupant des Variétés, c’était obligé.
La première fois, c’est à Marrakech, lors des Olympiades organisées par Europe 1 et lors d’une partie de football épique, avec, entre autres, Hugues Aufray dans les buts, Carlos en défense, Salvatore Adamo en milieu et Herbert Léonard en n° 9, ces deux derniers étant vraiment de très bons joueurs. Il y a aussi Ringo, Michel Berger, Éric Charden et d’autres encore. Henri Salvador est l’arbitre officieux et facétieux, uniquement parce qu’il a fauché le sifflet. Il passe son temps à déconcentrer les gars en les faisant rire, Johnny est censé être le manager de l’équipe. N’y connaissant pas grand-chose, il me demande discrètement de lui souffler des indications techniques précises pour épater ses potes lors des arrêts de jeu.
Déjà, à ce moment-là, on ne pouvait qu’avoir peur pour lui quand on l’aimait tellement il était dans l’excès. À part Gainsbourg, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui fumait autant que lui !

 

As-tu gardé de bons souvenirs d’autres artistes de variétés ?

Heureusement tout de même, sinon il aurait fallu changer de métier.
Je garde de bons souvenirs des moments passés avec Michel Berger pour sa délicatesse authentique que je n’ai retrouvée que chez Alain Chamfort… Christophe le dernier des romantiques même si son élocution s’apparente à celle de Patrick Modiano… Bob Marley qui se décontractait en jouant au foot avec ses musiciens et qui préférait jongler et dribbler Peter Tosh plutôt que de marquer des buts… Eddy Mitchell pour son côté caustique et désinvolte… Charlotte Gainsbourg et sa timidité communicative… Catherine Lara tout à la fois détendue et narquoise… William Sheller toujours passionnant quand il raconte la genèse de ses chansons… Dave avec son humour incisif et décapant… Claude François plutôt susceptible et avec, pourtant, un caractère irascible… Shirley Bassey et sa classe éblouissante… Sheila qui aurait pu être assistante sociale tant elle essayait toujours d’arrondir les angles… Sylvie Vartan, France Gall, Jane Birkin toutes trois d’une gentillesse exquise… et beaucoup d’autres encore…

 

Dédicace spontanée de Francis Huster sur son dernier livre offert à Richard

Dédicace spontanée de Francis Huster sur son dernier livre offert à Richard

Outre journaliste, tu es aussi écrivain ?

Il n’y a plus beaucoup de véritables écrivains aujourd’hui, seulement des écrivants et je rentre simplement dans cette seconde catégorie-là.

 

Pourquoi avoir écrit des romans ?

Toutes les bonnes (ou moins bonnes) raisons du monde existent pour nous inciter à commenter cette espèce d’indécence : Qui sommes-nous pour espérer intéresser des gens à nous lire ?
Un écrit personnel constitue peut-être une soupape pour le journaliste coincé par le factuel ? Ne garde-t-on pas plus souvent sur une étagère un livre plutôt qu’une coupure de presse ?
Pour les romans plus précisément, Léo m’expliquait qu’il convenait avant tout d’écrire pour un seul lecteur : soi-même. Dès que l’on essayait d’écrire pour d’autres, pour plaire, pour entrer dans un créneau, pour répondre au souhait d’un réseau, immanquablement on se prostituait. Pour lui, il était plus important et authentique de rencontrer un lecteur de hasard qui avait aimé un bouquin sans le conditionnement de la mode, de la publicité, du politiquement correct et qui avait ri ou pleuré en notre compagnie tout au long de sa lecture. Les Prix octroyés par des hommes téléguidés par des maisons d’édition ou la Légion d’Horreur (sic) par des politiciens en place lui donnaient envie de vomir.
Dans les journaux côtoyés, j’en ai tellement vu se prendre au sérieux à la suite d’un article qu’ils s’avisaient de juger avantageux…

 

Et si, pour la fin de l’entretien, on te demandait de nous reparler de Gainsbourg avec quelques souvenirs supplémentaires ?

Oh, cela sera d’autant plus facile que je viens de retrouver dans un carton abandonné dans le grenier le calepin que j’avais ce jour-là.

Allez, en voiture, suivez-moi dans la machine à remonter le temps afin de retrouver Gainsbarre en direct en quelque sorte…

L’imposture délirante, c’est que j’avais été sélectionné soi-disant par lui-même à l’issue d’une lecture approfondie des derniers articles parus à son sujet dans la presse avide, c’est du moins ce que l’attachée de presse fardée et bienveillante m’avait doctement annoncé en m’offrant la possibilité de vivre une journée entière dans le sillage de cet artiste incomparable. Une journée, voire plus si affinités, bien sûr. Bref, à la suite de quatre pages dans le Libé du lundi précédent annonçant son décès, Serge, plutôt rigolard, était visiblement ravi de prouver qu’il allait bien.

« Je suis ressuscité, m’accueillit-il en riant jaune, parce que son teint l’était un peu. Ils m’aiment tellement là-bas qu’ils n’ont pas hésité à précipiter ma mort ! C’est une façon imparable d’obtenir un scoop. Je suppose que les concurrents ont dû l’avoir mauvaise… ils ont dû vendre davantage, non ? »

Sur un insigne de parachutiste qui fleurissait à sa boutonnière était inscrit « camp disciplinaire 48 », mais même avec les yeux vaguement vitreux, Serge tint à mettre les choses au point tout de suite : « J’ai accepté que tu me suives, que tu viennes avec moi partout, mais, attention, petit mec, tu ne me poses aucune question. Je te raconterai ce que j’aurai envie de te raconter et tu retiendras ce que tu voudras. Et quand je te borderai demain matin, je te dirai : – Mission accomplie mon colon ! »

C’est ainsi que ma panoplie du groupi flatté et privilégié éclipsa sans vergogne l’ombre du reporter zélé et opportun que j’aurais pu être tenté de mettre en avant. Je le suivis donc sagement durant tout l’après-midi jusqu’à, inévitablement, très tard dans la nuit.

À propos d’Aux Armes Et Caetera : « Le feeling rythmique est important et très peu l’ont remarqué : mes textes ne sont pas tristes, mais lucides. La prise de son dans cet album est complètement différente. J’avais une des meilleures sections rythmiques du monde. Une fois qu’on avait bien discuté entre nous, on a appuyé sur le rouge et c’est parti. Finalement, il a fallu que je les arrête, sinon ils continuaient. Dans l’armée, c’est le pied gauche qui démarre, j’ai fait pareil pour ce disque. Je ne suis pas mécontent de cet album, pas mécontent du tout. Je trouve beaucoup plus flatteur d’avoir un disque de platine avec cette « Marseillaise » que de faire le tour du monde avec : – Je t’aime moi non plus… »

À propos de : – Je t’aime moi non plus : « Dingue, ce morceau est même devenu number one en Angleterre. Et ouais, petit mec, je suis le seul Français à y être parvenu un jour ! Il fallait le faire avec les Beatles et les Stones à l’époque… »

À propos de son concert salement perturbé où il entonna une « Marseillaise » a cappella : « Depuis Strasbourg, je pense à la mort. Le courage, c’est de vaincre sa peur. Un homme courageux a peur. Un homme intrépide est inconscient… »

À propos de la tournée effectuée avec ses Rastas : « C’était un spectacle grandiose et les avoir derrière moi était carrément fabuleux. On se portait mutuellement. Je n’envisage pas de faire une nouvelle tournée sans eux, mais ils sont au bout du monde, alors je préfère arrêter le cycle des tournées… »

À propos de ses sous-vêtements : « Je ne mets jamais de calbars et de chaussettes, même en hiver. Comme ça, je n’ai pas à les changer… »

À propos d’Evguénie Sokolov : « Ce n’est pas un roman, mais un conte parabolique. Ceux qui m’en parlent, c’est ceux qui ont aimé. Les vents contraires ont arrêté les autres même s’il s’agit du courant de l’hyperabstraction. Je voulais surtout démontrer que nous sommes aussi cons aujourd’hui que les comiques troupiers de l’époque. Mais ici en plus il y a la nourrice aux seins pullman… »

À propos de sa popularité dans la rue : « Il y a des gens qui m’aiment, c’est vrai ça me plaît. Sur les trottoirs, on me dit souvent : – Salut Gainsbourg ! Tout le monde… sauf les grands bourgeois dans leur manteau de fourrure qui tournent la tête… »

À propos des autographes fréquemment demandés : « Le jour où l’on ne m’en demandera plus, je me poserai quand même des questions ! Les gens ne se promènent pas avec mes photos sur eux, alors je signe sur n’importe quoi, des bouts de papelard, de nappes, d’étoffes, de peau parfois… mais ce que j’aime le plus, c’est de signer sur des biftons ! Qui sait s’il circulera ou s’il restera dans la collection privée du fan ? »

À propos de l’antisémitisme : « C’est toujours pareil, rien n’a véritablement changé… s’il y a une guerre demain, il y aura autant de collabos ! Les juifs redeviendront la cible élue. Les Rastas sont plus juifs que moi, c’est peut-être pour ça que je suis bien copain avec eux… »

À propos de Jacques Brel : « Il m’a dit un jour : – Tu seras une star quand tu prendras conscience que tu es un crooner ! Je crois qu’il s’est un peu gouré le Brel ! J’ai trouvé mon créneau enfin. On me demande souvent ce que je préfère entre chanter ou choquer ? Je réponds que l’un ne va pas sans l’autre… »

À propos de Catherine Deneuve : « J’ai été blessé profondément par l’accueil des médias au sujet de l’album de Deneuve. Pas déçu, mais blessé. Blessé pour les deux. Disons 51 % pour moi et 49 % pour Deneuve. J’aime bien Dépression au-dessus du jardin aussi. Il y a quelques plages qui sont belles tout de même… »

À propos d’un éventuel prochain livre : « J’ai déjà le titre : – Journal fictif… »

À propos de cinéma : « J’ai un projet, mais il me faut l’écrire encore. Je vais faire un polar avec du ketchup et du coca-cola, cela se vendra ! J’aimerais bien faire un court-métrage … un exercice de style sur les produits de beauté. Je reste et je suis disponible pour les stars du cinéma, ce n’est pas une question de blé, c’est simplement que le cinéma c’est ma spécialité. Alors, re-Jane, puis re-Deneuve, et Bardot si elle me fait signe… »

À propos de la chanson française : « Il faut que je franchisse les frontières, en France il n’y a plus rien. Je n’ai pas le temps d’écouter de la chanson dite française, mais ce que j’entends à la radio me laisse insensible. Il faut que je me tourne vers Dylan ou Bowie ou les Stones ou les mecs de Genesis… »

À propos de sa Rolls : « J’en ai une vieille, j’y ai mis les pieds deux fois seulement. C’est un phantasme de jeunesse. Peut-être que les socialos vont me la nationaliser, du coup, par précaution, j’ai mis le bouchon du radiateur sur mon piano. Il faut que je la fourgue à quelqu’un… j’aurais dû la fourguer à Michel Droit puisque ce n’était pas mon copain… »

À propos de la politique politicienne : « Les artistes ne devraient plus se mouiller politiquement, car ils sont toujours récupérés. En 74, j’ai mis mon nom sur une liste en faveur de Giscard, car les gens attendaient exactement le contraire de moi… ce n’était que de la provoc… »

À propos de la TV : « À partir de 50 balais, on regarde plus la TV ! Si on me donne carte blanche à une heure de grande écoute, je leur fourgue un porno… »

À propos de la cigarette : « J’ai essayé d’arrêter et je devenais insupportable. Selon toi, est-il plus dangereux de fumer que d’aller à Strasbourg ? Je sais que Dieu est un fumeur de havanes, je vois ses nuages gris, je sais qu’il fume même la nuit, comme moi, petit mec… »

À propos de la chanson de Prévert : « Ce morceau chanté par Gloria Lasso avec son accent espagnol, c’était grandiose ! J’ai une cargaison de disques de cette époque… je ne les écoute plus, mais je suis content de les avoir, c’est ma collection privée. Quand Boris Vian venait, il était déçu de ne pas en trouver un des siens dans ce fatras, mais ils étaient tous épuisés ! Depuis, je pense à lui… »

 

En me penchant sur ton dossier, je m’aperçois que tu as joué aux échecs !

Il n’y a rien d’étonnant à partir du moment où mon père était président d’un club d’échecs à Montpellier.

Oui, mais tu as participé à des Championnats de France aussi…

Oh, cela non plus n’a rien d’exceptionnel. En réalité, je n’aime pas ça, les parties sont assez longues et je passe plus de temps à observer mes adversaires avec leurs tics qu’à réfléchir sur les combinaisons à venir.

As-tu été champion de France ?

Non, je n’avais pas le niveau d’ailleurs. Je me contente plus modestement d’être champion du Languedoc cadet et junior pendant trois ans.

Ah, quand même !

Après les phases éliminatoires, je rencontre toujours en finale un garçon sympathique, un dénommé Dussol, que je bats… non pas parce que je suis plus fort que lui, mais parce qu’il fait un complexe devant moi, c’est du moins ce que je crois, encore aujourd’hui.

Et pourquoi fait-il un complexe ?

Je ne sais pas, peut-être parce que j’ai les cheveux plus longs que lui, tandis que lui a plus de boutons sur le visage que moi…

Joues-tu encore aujourd’hui ?

Ah, non, sûrement pas. C’était une corvée pour moi avant, alors dès que j’ai pu me le permettre, j’ai abandonné. Le rugby fut un bon prétexte alors.

La Voix du Nord et l'équipe cycliste professionnelle Bic Debout Jean-Marie Leblanc 6è Jan Janssens 8è Accroupis Jean Réveillon 6è et Richard 9è

Debout, de gauche à droite, à la 6ème place, Jean-Marie Leblanc (équipier de Jacques Anquetil sur le Tour, rédacteur en chef à L’Equipe, puis Directeur du Tour de France) et, à la 8ème place, Jan Janssen (champion du monde 1964, Vuelta et Paris-Roubaix 1967, Tour de France 1968). Accroupis, de gauche à droite, à la 6ème place, Jean Réveillon (rédacteur en chef de La Voix du Nord, puis Directeur de France Télévisions) et, à la 9ème place, Richard.

Quel est ton plus gros défaut ?

Il vaudrait mieux le demander aux autres.

Tu n’as pas une idée ?

J’en ai tellement… impatient, peut-être ? Râleur aussi. Et soupe au lait trop souvent.

Le défaut que tu aimes le moins chez les autres ?

La grossièreté. Je fuis au maximum la vulgarité, enfin quand je le peux.

Celui que tu ne supporterais pas d’avoir ?

Trop compliqué ça… l’immodestie peut-être ?

Ta plus grande qualité ?

Sans réfléchir : la fidélité.

 

Sais-tu au moins pourquoi Puissance 15 a pris contact avec toi ?

On m’a expliqué que c’était Jean-Pierre Gleize Bourras qui avait souhaité retrouver ma trace alors qu’il n’avait pas mes coordonnées. C’est ma fille qui a aperçu cette bouteille dans la mer du net et qui, avec beaucoup de conviction, m’a incité à répondre à l’appel de ce substitut de sirène aux yeux en amande, autrement dit de forme ovale ! Géraldine a dû insister à plusieurs reprises puisque, par nature, je ne suis pas du tout blogueur.

J’avoue que cela m’a, tout d’abord, étonné, puis, ensuite, fait plaisir de (re)découvrir Jean-Pierre puisque nous ne nous connaissions pas vraiment, même en étant dans la même classe. À cette époque-là, Jean-Pierre était pensionnaire et donc enfermé, tandis que, pour ma part, j’étais externe et plutôt renfermé et… complice avec mon frère de cœur, Richard Orbay, qui me manque tant depuis sa folle tentative de cadrage débordement effectué le jour de la Fête de la Musique devant un trop rude défenseur du nom de Saint Michel.

À mon tour, aujourd’hui, j’aimerais bien retrouver, grâce à l’entregent de Puissance 15, la trace de deux authentiques championnes avec lesquelles j’avais spontanément sympathisé. Du temps de L’Équipe, en effet, j’étais devenu copain avec deux athlètes: la Stéphanoise Chantal Beaugeant, championne de France à plusieurs reprises de l’heptathlon et toujours détentrice aujourd’hui de la meilleure performance mondiale en une heure, et la Martiniquaise Rose-Aimée Bacoul, elle aussi plusieurs fois championne de France, mais du 100 et 200 m. Et puis, la vie, le travail, l’apparition d’autres championnes, les impératifs de l’actualité, bref je les ai toutes les deux complètement perdues de vue. Et je le regrette amèrement.

J’avoue que je les retrouverai avec un très grand plaisir si un jour l’occasion se présentait…
(ndlr : message de la rédaction à Chantal et à Rose-Aimée : pour prendre au bond la balle lancée par Richard, n’hésitez pas à appeler Frédéric Poulet au 06 18 53 91 57).

Assis 1er rang Jean-Pierre Gleize Bourras (6ème de g à d ) Debout 2ème rang Richard (10ème de g à d à côté de M Mailho camarade de régiment de Jean Gabin) Au (3)

Assis, 1er rang, Jean-Pierre Gleize Bourras (6ème de g.à.d.). Debout, 2ème rang, Richard (10ème de g.à.d., à côté de M. Mailho, camarade de régiment de Jean Gabin). Au 4ème rang, Richard Orbay (6ème de g.à.d.)

 

10. Coupures de presse diverses

 

Et si on se quitte en chanson… Tu me fais écouter quoi ?

Quand l’inscription FIN apparut sur l’écran lors de la projection du dernier film de Guillaume Galienne, tout le monde s’est levé pour sortir… sauf moi. Le préposé à la salle est passé pour inspecter toutes les travées et a constaté avec surprise qu’un quidam restait scotché dans son fauteuil durant tout le générique de fin ! Je venais de reconnaître « Cette blessure », une des plus belles chansons de Léo Ferré interprétée ici par Vanessa Paradis. L’extase totale.


ICONE-VIDEOVanessa Paradis: « Cette blessure »


 

ICONE-CREDITS

 

Photos : Photo de “Une” et photos Rugby de Richard : Archives Richard / Photos de Richard à l’Equipe, avec les Biterrois, avec Léo Ferré, avec Catherine Ribeiro, avec Jean Ferrat : Archives Richard / Panneau Montpellier: Fotolia_112374672 / Ballon rugby: Fotolia 45759646 / Nombre “12”: Fotolia 183206594 / Réunion “tableau noir”: Fotolia 86384373 / Etoiles: Fotolia 97800503 / Drapeau de touche: Fotolia 2331053 / Panneau Paris: Fotolia 136986413 / Panneau Colmar: Fotolia 139312312 / Photo Barbara: Wikimedia Commons – Ron Kroon-Anefo- CCA -SA 3.0 / Picto caravane: Fotolia 54979451 / Photo Serge Gainsbourg: Wikimedia Commons – Claude Truong-Ngoc – CC BY SA 3.0 / Attaché case: Fotolia 42496023 / Echiquier: Fotolia 183434359

Eu égard aux droits qui leur seraient associés, nous nous engageons à enlever les illustrations présentes dans cet article, sur simple demande de leurs auteurs.


ICONE-ESPACE

 

63 commentaires
  1. Gérard le stratège

    25/01/2021 à 14:48

    Je te retrouve par hasard… sur le net ! Te souviens-tu quand on allait jouer au rugby à 7 dans des endroits où il n’y avait que des flaques, de la terre et de la poussière ? Tu prétendais que j’avais une « gueule de stratège » et tu m’imposais d’office à la mêlée. Le plus fort, c’est que j’y avais pris goût et que je ne voulais plus jamais changer de poste, même quand un vrai numéro 9 se pointait !
    Bravo pour ton parcours qui ne m’étonne pas tant que ça finalement. Le mien n’est pas mal non plus, mais il est plus bancaire qu’ovale.
    Al reveire ou Adishatz, comme tu voudras : Gérard E.

    Répondre
  2. Sabrina Arnould Robin

    20/06/2020 à 08:59

    Cher Richard,
    Je tiens à te rendre hommage.
    Un tout petit merci, un rien de rien,
    Par rapport à tout ce que tu m’as apporté.

    A toi, mon Père, qui m’a presque tout appris,
    Je n’étais qu’une gamine. C’est loin.
    Richard, je ne t’ai pas oubliée et puis, tu m’as retrouvée,
    Comme une petite orpheline !

    J’ai été plusieurs années en confinement,
    Et grâce à toi,
    Comme une petite pousse,
    Je refais surface !

    Merci Richard, notre Père à tous,
    Toi qui nous as lancé dans l’espace,
    Telles des étoiles en devenir.
    Merci de nous avoir fait confiance.

    Merci d’avoir vu en moi la graine d’avenir,
    De m’avoir inculqué l’amour du travail bien fait,
    La présence, la constance, l’amour du détail journalistique,
    La précision chronométrique !

    Merci, Cher père !
    Il y des hommes comme toi,
    Beau d’esprit et de caractère,
    Que l’on souhaiterait tous croiser,
    Que l’on souhaiterait tous rencontrer,
    Que l’on voudrait tous aimer !

    Merci Richard Montaignac !
    (Grand Reporter et Journaliste à L’Equipe).

    Répondre
  3. Francesca

    20/03/2020 à 10:42

    Che vita ! In questi tempi di covid-19, che gioia trovare la traccia di un amico che avevamo perso di vista. Brava e tanti baci : F.S.

    Répondre
  4. Diane Laroche

    11/10/2019 à 15:07

    Cherchant sur le net des renseignements sur Katya Montaignac, docteure en Danse et en Études et pratiques des arts, je suis tombée par pur hasard sur son paternel. Joli parcours aussi qui explique ben des choses. Ça goûtait bon par là-bas. D.L.

    Répondre
  5. Chantal Seggiari

    06/09/2019 à 18:27

    Le rugby est grand quand il permet de réunir autant d’a(rts)activités, et de personnages mythiques, non ?
    Well, the guy !

    Répondre
  6. Yoko

    04/06/2019 à 12:44

    Quand le rugby offre l’hospitalité à la danse, à la musique, à la chanson, aux échecs, aux variétés, au cinéma, au théâtre, à la vie, il ne s’efface pas, il s’épanouit. Essai réussi et transformation assurée. Malgré ma différence de culture, j’aime. Y.P.

    Répondre
  7. Raquel

    16/04/2019 à 11:05

    Grand merci à ce site repéré par hasard sur le net avec le nom de votre invité qui m’offre le privilège de retrouver un ami d’enfance perdu de vue depuis… je n’ose pas le dire ici !
    Bravo pour ce parcours et surtout pour ce réflexe (de défense ?) de ne rien prendre au sérieux, sinon les belles rencontres. Contente d’avoir retrouvé de loin ce sillage.

    Répondre
  8. Jean-Luc Cabannes

    31/03/2019 à 15:15

    Suis rugby au départ et quand j’ai retrouvé sur ma route Ferré, Ferrat, Gainsbarre et tutti quanti, j’ai commencé à craindre un max!
    Puis, entraîné par l’intérêt des anecdotes, j’ai tout avalé sans m’en rendre compte. Au point même de vouloir en redemander encore sur la fin.
    Alors, à quand l’épisode 2?

    Répondre
  9. Artigas François

    25/01/2019 à 14:57

    Dans la vie, il y a ceux qui déménagent les pianos et ceux qui en jouent. Et toi mon cher Richard tu appartiens à cette seconde catégorie. Comme saurait le faire un bon artisan amoureux des mots. Sans fausse note, cela va sans dire. Amitiés.

    Répondre
  10. roy

    25/01/2019 à 02:00

    Quel étonnant récit, riche, captivant, émouvant, à la fois authentique et sobre, merci Richard
    Quelle chance d’avoir croisé ta vie
    Francine

    Répondre
  11. laurence

    09/01/2019 à 10:10

    trop modeste Richard comme toujours !!!! bisous
    Laurence

    Répondre
  12. Laura Chaplin

    08/01/2019 à 11:08

    Bonjour Richard,
    J’espère que vous avez passé de belles fêtes!
    Plein de bonheur pour cette nouvelle année 🙂
    Love & smile,
    Laura

    Répondre
  13. Katia

    02/11/2018 à 08:24

    Marrant de vous retrouver ainsi, Richard, vous qui avez toujours été si réservé, à la limite même, parfois, du mystère!
    Dans tous les cas, bravo et peut-être à bientôt : Kat

    Répondre
  14. Isabel

    02/10/2018 à 22:52

    Sympa ce portrait… ce qui est sûr, du moins pour moi, c’est qu’on ne t’oublie pas, Richard, même quand la vie professionnelle nous appelle à ne plus jamais se rencontrer. Bonne route : Isabel

    Répondre
  15. Françoise

    14/08/2018 à 07:53

    L’anecdote avec Johnny est trop courte. Dommage, car on peut aimer Hallyday et le rugby. La preuve avec… Wilkinson.

    Répondre
  16. Michel

    31/07/2018 à 15:16

    Pour un peu la collection de témoignages l’emporterait presque sur le narratif, c’est dingue, non ? Michel O.

    Répondre
  17. Christine

    10/07/2018 à 14:20

    Oui, c’est vrai, on y va où et quand chez ce Monsieur ?

    Répondre
  18. Olivia

    25/06/2018 à 17:50

    On y va quand exactement chez ce Richard-là ? O.J.

    Répondre
  19. Guy VIGOUROUX

    19/06/2018 à 08:33

    Plusieurs fois que j’essaie de laisser un commentaire et… ça ne passe pas…
    Je disais que j’allais, dans deux heures, retrouver Richard pour un déjeuner, à Mèze, en compagnie d’Aimé TERME et de Luc GUIBBERT, ex-préparateur mental des équipes de France de gymnastique…
    J’exprimais, également, toute mon admiration pour ce grand Monsieur qu’est Richard ; je l’ai connu à mon arrivée au XIII, en 1970, à Montpellier et nous avons toujours gardé du lien.
    J’envoie ! J’espère que ce coup-ci, ça va passer !
    Guy VIGOUROUX, le 19 juin 2018
    Ex-international de rugby à XIII
    Ex-entraîneur des équipes de France
    Ex-arbitre de haut-niveau
    Et, pour arrêter les “ex”, actuellement président de la Ligue de l’enseignement du Doubs,
    chanteur-guitariste au sein de l’association “Sauf le respect que je vous dois…” (site : sauflerespect.onlc.fr)

    Répondre
  20. Honoré BONNET

    18/06/2018 à 10:58

    C’était au temps du cinéma muet…
    Richard m’avait décrit dans le journal “La Voix des Sports” (Lille) , dans la fièvre d’un samedi soir du championnat de France de HAND, comme “L’homme aux rouflaquettes et aux jambes électriques”.
    Depuis, les rouflaquettes sont toujours présentes, grises avec le temps (va tout s’en va …) , côté jambes réduction du voltage… reste heureusement côté cœur une place pour l’Ami Richard.
    Bises HONORÉ.

    Répondre
  21. Laure.S

    14/06/2018 à 11:27

    Merci à votre site pour m’avoir donné envie de commander et de dévorer avec gourmandise le balai rose. Grâce vous soit rendue. Laure S.G.

    Répondre
  22. Estelle

    07/06/2018 à 14:13

    Plus voyage en ballon que simple ballon ovale ici et le plus fort, c’est que l’on en redemande… E.L.

    Répondre
  23. Olivier

    30/05/2018 à 09:47

    Enfin un gonze qui parle du XIII dans ce blog ! Il était plus que temps…

    Répondre
    • Fred POULET

      30/05/2018 à 17:04

      Bonjour Olivier,
      Pas de problème, si tu as un “client” issu du XIII prêt à se faire “portraitiser” à la Puissance 15, je suis preneur, merci de me l’indiquer!

      Répondre
      • Guy VIGOUROUX

        20/06/2018 à 08:36

        Bonjour, M. Poulet
        Hier, j’ai eu l’immense plaisir de retrouver Richard pour un déjeuner, à Mèze, en compagnie d’amis de longue date : Aimé Terme-l’altérophile, Luc Guibbert, préparateur mental d’équipes de France.
        Avant leur arrivée, je suis allé me rafraîchir la mémoire en relisant, avec délectation, le parcours de Richard que vous avez publié dans cette page de Puissance 15, tout honoré d’y revoir la photo où je suis avec lui et Aimé…
        Richard m’a rappelé qu’il vous avait suggéré de me contacter ; comme, par ailleurs, vous semblez rechercher un “client issu du XIII”, sans outrecuidance, je puis vous proposer ma candidature.
        Pour vous informer sur mon parcours professionnel où la pratique sportive de haut-niveau et mon métier se sont toujours coordonnés, je vous signale un lien où vous pourrez en savoir davantage : https://ellesetsport.wordpress.com/
        Mon “portrait” est en troisième position.
        En tapant mon nom sur Internet, vous pourrez accéder à mes activités musicales…
        Bref ! Je reste à votre disposition si vous estimez que je puis figurer dans votre… panoramique.
        Bien cordialement.
        Guy VIGOUROUX
        06 87 40 72 80

        Répondre
  24. Caroline

    22/05/2018 à 09:55

    Pour moi, il y a trop de technique de rugby et pas assez d’anecdotes sur le show-biz, mais il en faut pour tous les goûts et le résultat est tout de même étincelant. Félicitations.

    Répondre
  25. Ken

    14/05/2018 à 14:15

    Tu as marqué les esprits de ceux qui t’ont rencontré et je fais partie de ceux-là. Aujourd’hui, après t’avoir retrouvé sur le net, je peux témoigner que j’en garde un très bon souvenir. A toi, Richard le rebelle : Ken

    Répondre
  26. Delorme

    04/05/2018 à 19:14

    Joli kaleidoscope et parcours attrayant pour un éternel adolescent. Je peux d’autant plus en attester que l’on a joué ensemble au rugby sur des terrains pelés et boueux. Bien à toi, l’ami: Robert

    Répondre
  27. Svetlana

    14/04/2018 à 09:34

    Un seul mot me vient à la bouche : merci  !

    Répondre
  28. J.P.Delacroix

    05/04/2018 à 09:21

    On appelle ça la 4ème mi-temps, non ?

    Répondre
  29. Pauline

    29/03/2018 à 10:08

    Le rugby et la poésie, ça rime plutôt bien sur le terrain et en dehors…

    Répondre
  30. Pascale

    26/03/2018 à 18:41

    On aimerait bien pouvoir rencontrer ce monsieur, mais ailleurs… que sur un terrain de rugby of course.

    Répondre
  31. Gérard

    22/03/2018 à 16:35

    Voyez-vous tous ces humains
    Courir sur un pré un ballon dans les mains ?
    Comme un légo mais sans mémoire
    On entasse nos souvenirs dans des armoires.
    Félicitations à ce mec qui porte si bien son prénom. G.M.

    Répondre
  32. Estelle

    17/03/2018 à 21:00

    Le titre Puissance 15 est plutôt réducteur. Puissance tout court serait mieux. Vous en voulez la preuve ?
    Ben, cet article qui tombe à pic pour apporter de l’eau à mon moulin…

    Répondre
  33. Annette

    07/03/2018 à 11:56

    Débutant déjà, il était le préféré de beaucoup d’athlètes de l’équipe de France… pour la bonne raison qu’il ne trahissait pas ce qu’on lui disait en off. Bon vent, Mister Richard : Annette S.

    Répondre
  34. Marjorie

    03/03/2018 à 14:16

    C’est pas ça le rugby champagne ?

    Répondre
  35. jean louis aichhorn

    28/02/2018 à 14:52

    Bravo, quelle tranche de vie!
    Combiens de trains qui passent, ceux que l’on prend , ceux qu’on laisse passer, tous ces souvenirs….

    Répondre
  36. catherine Dubus

    28/02/2018 à 14:48

    Très beau reportage ou je retrouve l’authenticité de mon ami Richard, merci pour ces belles émotions car: même avec le temps, tout ne s’en va pas….

    Répondre
  37. Larguier Josiane

    25/02/2018 à 20:01

    Si on m’avait dit que je me plongerais un jour avec délice sur des écrits de rugby, j’aurais carrément éclaté de rire !
    Josiane L.

    Répondre
  38. Christine Couvrat

    23/02/2018 à 10:19

    Jolie balade remplie de belles rencontres avec un guide attachant avec ou sans ballon.

    Répondre
  39. Sophie Dupuis

    22/02/2018 à 18:22

    Il n’y a pas que le rugby dans la vie. La preuve avec cet itinéraire d’un enfant de Ferré.

    Répondre
  40. BORIE

    19/02/2018 à 15:28

    Sa modestie doit-elle en souffrir, il me pardonnera, Richard est un écrivain journaliste reconnu. son savoir régale ceux qui ont plaisir à le rencontrer.
    Partager ses connaissances littéraires, cinématographiques, sportives est un vrai plaisir.
    l’avoir comme ami est une chance.
    Joël

    Répondre
  41. COUPIER

    18/02/2018 à 22:16

    Quelle carrière (en cours) ! On en apprend beaucoup encore sur l’ami Richard. J’ai adoré aussi les photos.

    Répondre
  42. Deschamps

    12/02/2018 à 20:11

    Grand connaisseur de cinéma, écrivain talentueux, journaliste brillant,
    C’est aussi un homme de cœur avec de vraies valeurs.
    Amélie

    Répondre
  43. Ducongé

    12/02/2018 à 20:02

    Cultivé amoureux passionné exigeant sur la profession de journaliste.
    Surtout ne changez rien.
    Nicole

    Répondre
  44. Jean Pierre Gleize Bourras

    10/02/2018 à 04:37

    Et puis…
    Nous avions quinze ans…et il y avait Frère Camille…trop tôt disparu.
    Que nous respections, que nous craignions…Son regard,son nez (quel nez!)
    Son humour…
    Il nous a fait,aussi, découvrir le Cinéma :Luis Bunuel, Agnés Varda ,et combien de metteurs en scène.
    Il nous amenait au Ciné-Club.
    Le pédagogue dont rêve tous les élèves.
    Et un matin, au tableau noir.
    “Si tu veux tracer un sillon droit, attache ta charrue à une étoile!”
    Merci Camille.

    Répondre
  45. TARRIT

    09/02/2018 à 09:49

    il y a paraît il, un cadeau derrière chaque épreuve. Opéré de l’épaule, souffrant fortement, mon seul plaisir du moment résidait dans les minutes que nous partagions avec Richard pour notre rééducation commune chez notre Kine préférée. C’est certain aujourd’hui, le cadeau c’est la rencontre… quel plaisir de découvrir au fil de la lecture de ce blog, tes 1000 vies. Quel plaisir de lire de tous, ce que je découvre depuis peu, un homme de coeur, de valeurs. J’ai hâte de partager avec toi un prochain couscous que nous choisirons royal cette fois.
    Je t’embrasse
    Jean-marc

    Répondre
  46. Jean Pierre Gleize Bourras

    08/02/2018 à 00:02

    Madame Lea Massari !!!(la vraie ?) Eh bien Richard,je suis bien content de t’avoir mis en relation avec Fred.
    Et quelles belles rencontres tu nous a fait partager!
    En attendant la suite.
    Sincèrement.
    Jp

    Répondre
  47. Lea Massari

    01/02/2018 à 11:53

    Barbara, Ferré et Terzieff, c’est formidable, mais pourquoi ne pas avoir développé davantage sur Catherine Ribeiro ? Petit bémol ici d’autant plus que le charmant invité est visiblement l’un de ses amis intimes !
    C’est le seul regret dans cette saga captivante.

    Répondre
  48. Arnaud

    28/01/2018 à 16:38

    Le Mick Jagger du journalisme ! 🙂

    Répondre
  49. Labell Eglantine

    26/01/2018 à 14:20

    Les anecdotes sur les Jeux sont savoureuses, j’aurais bien aimé pouvoir en lire aussi sur ceux de Los Angeles, Sydney, Athènes, Pékin, Londres et, pourquoi pas, Rio…
    A part ça, tout est ravissant dans cet entretien, ça nous change vraiment de la politique!

    Répondre
  50. Lovelace Ben

    24/01/2018 à 16:06

    « Une belle percée au ras de la mêlée » aurait très bien pu servir de titre, non ?

    Répondre
  51. Antoine Zeuka

    22/01/2018 à 16:21

    Le rugby mène à tout à condition de savoir en sortir, c’est le cas pour Richard Montaignac et pour beaucoup d’autres aussi et c’est plutôt rassurant pour les jeunes et… les moins jeunes aussi. Bravo pour le blog.

    Répondre
  52. Mélissandre Diaz

    20/01/2018 à 11:37

    L’article est intéressant, même passionnant à certains endroits, mais trop court au final. J’aurais bien aimé en savoir plus parfois… du côté des vedettes de la chanson, par exemple. Dommage.

    Répondre
  53. Laurent Lupi

    17/01/2018 à 18:47

    Comme quoi la chanson et le rugby peuvent faire bon ménage quand un bon chef d’orchestre officie à la baguette.

    Répondre
  54. Toulotte Théo

    10/01/2018 à 15:23

    tu me dis ne pas être un sportif de haut niveau, mais quelque part tu l’es. Pour moi tu restes un ami sincère qui n’a jamais trahi sa parole et la c’est quelque chose que je n’oublierai pas. Mes respects Richard. Amitiés

    Répondre
  55. Bertand Verfaille

    04/01/2018 à 21:12

    Au départ, je suis rugby. Mais, après lecture, j’aurais bien envie de me jeter sur un roman de ce monsieur, car avec des complices comme Barbara, Ribeiro, Ferré et Ferrat, les promesses sont plutôt alléchantes, non ?

    Répondre
  56. Thibault Marc

    04/01/2018 à 18:51

    On se prend à rêver d’une vie telle que celle de Richard Montaignac. Un homme au dessus de la mêlée!

    Répondre
  57. Delorme Rémi

    30/12/2017 à 10:42

    Le rugby se décline à 7, à 13, à 15 et mène à tout à ceux qui désirent en sortir, mais toujours avec NOBLESSE. La preuve : le portrait de votre convive d’aujourd’hui.
    Et sans aucun doute beaucoup d’autre encore à venir…

    Répondre
  58. Vidal Agathe

    26/12/2017 à 23:32

    Je ne connaissais pas ce Monsieur… simplement un de ses romans (Gassman de Montpellier) recommandé par une amie et j’avoue qu’en lisant votre entretien je n’ai pas été déçue, même si c’est la première fois de ma vie que je lis quelque chose qui a trait au rugby !

    Quel dommage quand même de ne pas avoir songé à lui poser des questions sur ses romans…

    Répondre
  59. Aimé Terme

    24/12/2017 à 14:46

    Un Montpelliérain qui, dès le plus jeune âge, avait de la suite dans les idées et n’hésitait pas à bousculer l’ordre établi. Je garde de toi l’image d’un journaliste sentimental et affectif et qui ne trahissait la parole qu’il recueillait ! J’en atteste ! Rien que pour cela, tu as toute mon affection et mon amitié.

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  60. Stéphanie Terme

    24/12/2017 à 14:43

    Je découvre avec bonheur cette page où vous êtes avec mon papa, qui m’a beaucoup parlé de vous ! Quel parcours ! Je suis admirative. Très respectueusement,

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  61. Maître Alexandre-Guillaume Tollinchi

    24/12/2017 à 14:35

    Rugbyman d’opérette ? Joueur d’échecs contraint ? Journaliste de hasard ? Je laisse à Monsieur Montaignac le soin de se définir. Pour ma part, à la lecture de ces lignes, je le présenterais surtout comme un humble passionné du sport. Fin observateur de la vie en général et de la vie sportive en particulier, il a contribué à la carrière de beaucoup et à l’image du sport français.

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