Vendredi - 19 Avril 2024

Dominique Oudin / Créateur de Yebo à Saint-Denis-de-La Réunion


L’Ile de La Réunion l’avait touché au cœur déjà depuis longtemps lorsqu’il fut également « touché » par une autre région de la Zone Océan Indien : Le KwaZulu Natal, l’une des 9 provinces de la grande Afrique du Sud voisine. Et c’est en allant à la rencontre de la communauté zoulou et de ses modes de production, qu’il a décidé de s’engager à leurs côtés dans la voie du commerce équitable.

C’est ainsi qu’est née « Yebo » à La Réunion, une entreprise et une démarche qui s’inscrivent dans l’économie solidaire et qui donnent corps à la vocation à laquelle se consacre désormais Dominique Oudin, celle d’être un créateur de liens entre l’Afrique du Sud et l’Ile de La Réunion… Sawubona unjani, Dominique !

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Bonjour Dominique Oudin, vous êtes le créateur de la société « Yebo » à La Réunion… D’où vient ce nom, et quelle est sa signification ?

Blason du Kwazulu Natal

Blason du Kwazulu Natal

Quand on se salue en Afrique du Sud, dans la communauté zoulou, on dit « Sawubona unjani », et on répond « Sapile Yebo ». Ainsi, « Yebo » est un petit mot zoulou un peu passe-partout qu’on utilise dans pas mal d’expressions. C’est en tout cas un mot positif qui vient en renfort d’une phrase pour dire que, ce dont on parle à l’instant, c’est « bien ».

 

Ah, alors dans ce cas… « Yebo » Dominique ! Et quel est le métier et quelles sont les activités de votre entreprise ?

Yebo est distributeur de produits bio et équitables provenant d’Afrique du Sud. Ce sont des produits issus Logo Yeboessentiellement de la communauté zoulou, qui est la plus importante des 11 « tribus » présentes en Afrique du Sud.

Au fil du temps, nous avons également incorporé dans notre offre des produits qui proviennent de la communauté xhosa (qui était celle de Nelson Mandela), comme le thé rouge sud africain, le fameux « Rooibos ».

 

Quand et pourquoi avez-vous créé cette entreprise ? Sur quels partenariats vous êtes vous appuyé pour lancer et développer Yebo ?

carte du Kwazulu NatalYebo est directement le résultat d’un programme de développement, Tradepoint South Africa Durban, initié en 2008.

Ce programme était soutenu par la Province du KwaZulu-Natal et les Nations-Unies, et avait pour objectif d’aider les petites entreprises des communautés sud africaines à exporter vers les pays francophones.

J’ai travaillé à l’époque pendant 3 ans pour Tradepoint South Africa Durban en tant que chargé de mission, pour développer une démarche marketing entre les producteurs du KwaZulu-Natal et les pays francophones : France, Réunion, Ile Maurice, Belgique, Suisse, Québec… .

Cette expérience a été extraordinaire pour moi, car en allant au contact des producteurs et des artisans zoulous, je me suis très rapidement rendu compte que « l’offre » qu’on était en train de structurer n’était pas seulement composée de « produits »… Bien plus que cela, elle englobait aussi toute l’histoire et la dignité de la communauté zoulou.

C’est ce qui m’a incité à créer « Yebo » en 2009, pour « donner corps et vie » à ce projet sur le marché réunionnais. Et compte tenu des relations humaines que j’avais tissées avec les producteurs zoulous en allant les voir chez eux, en discutant avec eux et en les voyant fabriquer les objets que j’allais vendre, je ne pouvais pas créer et développer cette activité hors d’un contexte d’économie solidaire et équitable.

Notre inscription dans une démarche de commerce équitable nous permet d’être financés par les finances solidaires, notamment par Garrigue, une coopérative basée en France qui fait de l’épargne solidaire et qui intervient financièrement dans les entreprises équitables et solidaires. D’autre part, 2% de notre chiffre d’affaires est directement reversé pour financer des projets communautaires. Par exemple, l’an dernier, cela a permis de financer un bus médicalisé pour les zones rurales de la région de Klawer, au nord de la ville du Cap.

 

Quelle est, dans les grandes lignes, votre offre produits ?

OLYMPUS DIGITAL CAMERAHistoriquement, nous avons commencé par vendre de l’artisanat zoulou : bijoux, poteries, linge de maison, paniers et objets tressés, etc…

On s’est ensuite développé dans l’alimentaire bio : vins, thé rouge (le Roiboos), fruits secs (figues, abricots , noix de macadamia, noix de pécan, , olives,…).

Nous vendons pratiquement exclusivement en circuit court, c’est-à-dire en vente directe auprès des particuliers et des CHR (Cafés-Hôtels-Restaurants). Nous n’avons donc pas de point de vente « Yebo » ayant pignon sur rue.

Nos clients passent commande par téléphone (Tel Yebo : 0692 866 133) et nous les livrons directement. Nous n’avons pas mis en place de plateforme de e-commerce pour l’instant, car nous estimons que ce n’est pas encore nécessaire, les gens ici préférant toujours passer leurs commandes par téléphone.

thé Rooibos

Rooibos, “thé rouge”

Nous sommes également présents sur les foires organisées à La Réunion, comme la Foire des Mascareignes par exemple, et nous avons également de très bonnes retombées grâce à notre page Facebook Yebo.

Nos clients sont en général très fidèles : ils re-commandent pour la plupart à l’issue de la première commande, et ils « recommandent » également nos produits… Le bouche à oreille fonctionne très bien à La Réunion !

 

Pouvez-vous nous présenter quelques produits qui vous semblent vraiment représentatifs de votre offre et de la « philosophie » de Yebo ?

A consommer avec modération !

A consommer avec modération !

Le produit que l’on vend le plus, c’est le vin, qui provient de la première coopérative équitable bio d’Afrique du Sud : Stellar Winery. C’est un vin très marqué « Afrique du Sud », complètement bio, cultivé sur 200 hectares (la coopérative s’étend sur 2.000 hectares au total). On propose une gamme complète de vins rouge, blanc et rosé.

 

 

boucles d'oreilles

Un autre de nos produits « vedettes », c’est une gamme de bijoux, « Jabulani », conçus par une créatrice d’origine Afrikaner, Paula Goosen, qui travaille avec tout un village zoulou spécialisé dans le tressage de perles. Dans la culture traditionnelle zoulou, les femmes tressent des bijoux pour leur mari, et, selon la couleur dominante qu’elles choisissent, lui adresse en même colliertemps un « message » d’amour particulier : le blanc symbolise un amour pur et sincère, le rouge un amour passionné, le vert un amour serein et doux, le bleu la fidélité, le jaune la richesse, le rose la promesse…

 

Quel est le profil du « client-type » de Yebo ?

Dans notre clientèle de particuliers, on a vraiment à faire à des « consomm’acteurs », c’est-à-dire des gens qui sont sensibles, bien évidemment à la qualité de nos produits, mais aussi à la « valeur humanitaire » dont ils sont porteurs : 50 % du prix des produits qu’on vend ici à La Réunion va directement aux producteurs. C’est ce qui explique que l’on travaille quasi-exclusivement en circuit court.

 

Vous êtes implanté à l’Ile de La Réunion, pouvez-vous nous dire pour quelles raisons ? Quels sont selon vous les atouts majeurs de ce territoire ?

Carte RéunionL’implantation de Yebo à La Réunion s’est fait tout naturellement, car je suis « Réunionnais de cœur », depuis maintenant 23 ans.

Je suis né en Loire-Atlantique, à Blain commune située entre Nantes et Rennes, et j’ai passé ma jeunesse à Amiens. Mais mon histoire personnelle est fortement enracinée à La Réunion, pour laquelle j’ai eu depuis longtemps un énorme coup de cœur. Et j’en ai eu un second pour la région de Durban, capitale de la Province du KwaZulu-Natal, que je connais maintenant bien.

J’ai constaté de réelles similitudes entre l’Ile de La Réunion et Durban : ces 2 territoires ont la même dimension géographique, le même métissage de population (de par l’histoire, il y a en particulier énormément de liens entre les communautés indiennes de La Réunion et de Durban), la même « atmosphère »… Des lieux où la relation à l’homme, je dirai même à « l’humanité », est très importante, et où la relation à la nature et aux éléments, prégnants et omniprésents, l’est tout autant.

Afrique du Sud : Drapeau de l'Afrique du SudAujourd’hui, je me positionne vraiment comme un créateur de liens entre La Réunion et l’Afrique du Sud, à la fois via « Yebo » et les produits portés par cette activité, mais aussi via une activité de conseil, que je mets au service des entreprises réunionnaises qui s’intéressent à l’Afrique du Sud, et inversement, aux entreprises sud-africaines intéressées par La Réunion.

 

Par quels types de contacts B2B avec la Métropole êtes-vous intéressés ?

Si des personnes en Métropole sont intéressées par la distribution de produits bio et équitables provenant d’Afrique du Sud, je suis bien sûr tout à fait ouvert à entrer en relation avec elles.

Je reste également à la disposition d’entreprises françaises qui seraient intéressées par le marché Sud-Africain, notamment dans la région de Durban.


ICONE-VIDEOIntervention de Dominique Oudin à TEDx Réunion


ICONE-CREDITSInterview : Frédéric Poulet
Photos : Dominique Oudin


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